Dimanche matin, je lis un court texte de René Char qui date de 1926. Il y croque une pomme, chaque fois qu’il porte le fruit à sa bouche il a sous les yeux une tête de mort. J’ai supposé qu’il était dans sa période surréaliste, où les pommes pouvaient avoir un goût acide. A la fin du texte, il semble échapper à cette vision de mort grâce à la proximité entre la chose pomme et le mot poème.
Sur ce j’ai écrit un texte dans la légèreté. Retrouver le sourire dans un moment cruel, à quelques pas de là.
Au résultat j’ai le sentiment d’avoir quitté les rudes et beaux sommets de René Char pour atteindre, disons mon agréable et souriant rez-de-chaussée,
Cette introduction est plus longue que le texte lui-même.

La pomme
Est tombée d’un pommier
Vous auriez trouvé étrange qu’une pomme
Tombât d’un cerisier
Dans sa chute elle a paumé un -m
En roulant dans l’herbe
Elle lui a fauché un –e
Moi qui t’aime
Parmi eux
D’un coup de pied dans l’herbe
En y mettant l’accent
Je t’envoie un poème
Au bout de mon soulier

Un Dimanche matin