C’est brut, rude, ça crache. François, je suis allé te kidnapper au petit matin, sortie d’une belle fête, tu m’as dit : « on le fait, René ? – oui, François, on le fait. – t’es sûr, René ? - oui, François, je suis sûr. »
Tu as saisi au hasard la première guitare qui t’est tombée sous la main, pas accordée, pas de répétition, tu as grillé des mots, le studio par moment a eu peut-être des oreilles qui ont saigné, t’avais envie de te battre avec le micro, t’as du partir vite, pas de reprise. Tout me va, comme ça, t’as craché mon texte comme il avait envie d’être craché, c’est pas de la déclaration à l’eau de rose, c’est pas tout bleu, ça sort de la gueule, j’aime, je te remercie, ta voix, ton style.
mise en indistincti-on totale
prend le rôl' de crotale cathodique
j'ai inspiration métaphysique
t'as l' art de vivre pathologique
d' un' traînée, a-comportementale
d' un' traînée, a-comportementale
jouis dégustativement de moi
j't'aim' j't'aim' j't'aim' j't'aim' j't'aim' j't'aim', chaque fois
rockeus' mozartienn' et rimbaldienn'
ciselée d'ivresse et de tes haines
musicienne et jamais musimienne
bassiste anale, percu clitoridienne
jouis dégustativement de moi
j't'aim' j't'aim' j't'aim' j't'aim' j't'aim' j't'aim', chaque fois
vectrice ardent' de ma décadenc'
où mon indifférente indécence
donne à ton cul tout' son abondance
je dis mes aspirations lubriques
ma néantisation symbolique
M'sieu Saint John Perse voudra pas le croire
je suis chanteur superfétatoire
subtil' aile de papillon noir
bas mordus, déchirés de mes rêves
string, comestible empoisonnement
ce que je veux tout ce que je prends
ce que tu gard' tout ce que m'enlèves
horizon anéantissement
horizontale, pas forcément
ton chant, ta voix, nanarchiquement
mise en indistincti/on totale
prend le rôl' de crotale cathodique
j'ai inspiration métaphysique
t' as l' art de vivre pathologique
d' un' traînée, a-comportementale
d' un' traînée, a-comportementale
j't'aim' j't'aim' j't'aim' j't'aim' j't'aim' j't'aim' j't'aim' j't'aim' j't'aim'
il n'y a ri-en, de plus banal